Au Festival d'Avignon à 16 heures 10 au 11 Gilgamesh Belleville.
Martin Faucher met en scène le texte de Sarah Berthiaume, texte contemporain qui pose un regard actuel sur notre société.
Deux histoires se font écho, celle de Jade et de sa mère, Inès, qui vivent dans le même appartement.
La scène est séparée en deux, la chambre de Jade juxtapose le salon. La communication est rompue.
Ombre d’elle même, la mère de Jade semble avoir abandonné ses passions à venir et fait taire ce qu’il pourrait rester d’envie dans ses verres de vins rouges.
Jade cherche un sens à sa vie.
Écran, téléphone, bonbons crocodiles, elle tourne en rond dans un monde futil dans lequel elle ne trouve pas sa place.
Elle fait des listes, des listes de chose à faire, à ne plus faire. Elle cherche des possibilités, une issue.
Jade se plonge dans un monde virtuel, et entretient une correspondance avec un inconnu qui lui parle de combat, d’ailleurs et de foi.
Tout en finesse Sarah Berthiaume décrit le processus de recrutement de ces jeunes filles trop entières pour vivre dans un monde qui n’a pas de sens.
Elle soulève un sujet fort et engagé.
Dramaturgie contemporaine, Antioche est une histoire de mondes qui se côtoient sans jamais se comprendre.
Point de rupture entre 'un orient qui brûle et un occident qui pourrit', entre une mère qui a fuit la dictature et sa fille qui retourne aux sources pensant trouver des réponses concrètes à sa quête spirituelle.
Antigone, l’amie de Jade, représente toute la catharsis qui se joue dans les tragédies contemporaines. Sa présence forte dans la pièce nous montre à quel point la révolte sourde des femmes est loin de s’éteindre. Ses femmes en crises et en quête d’essentiel restent le seul espoir d’une révolte féconde.
Antioche, ville historique de rencontre entre l’orient et l’occident, devient le carrefour intemporel des rêves de femmes volontaires aux destins audacieux.
Sans jamais poser de jugement, Sarah Berthiaume offre un texte plein d’espoir.
Martin Faucher exulte Sharon Ibgui, Sarah Laurendeau et Mounia Zahzam à se rencontrer dans un espace indéfini : celui du dialogue et de la transmission.
Dans ce monde à l’obsolescence programmée, Sarah Berthiaume nous parle de valeur, et redonne son vrai sens au mot racine. Le retour à la source intarissable qu’est la famille, l’autre, le dialogue.
Elle porte un regard tendre sur ces vies chaotiques, elle n’explique pas mais expose ces processus de désintégration de la famille muée par un quotidien sans repère qui a perdu son sens et dans lequel chacun se noie.
Texte :Sarah Berthiaume
Mise en scène Martin Faucher
Interprète(s) : Sharon Ibgui, Sarah Laurendeau, Mounia Zahzam
Direction artistique : Mario Borges, Joachim Tanguay