Casarès et Camus se rencontrent le 6 juin 1944 à Paris, jour du débarquement de Normandie. Elle a 21 ans, lui 30. Ils vivent une passion éphémère jusqu’en octobre, moment où la femme de Camus, Francine, revient d’Algérie. Casarès met alors fin à leur relation. Le 6 juin 1948, ils se croisent par hasard boulevard Saint-Germain, se retrouvent et ne se quitteront plus, jusqu’à la disparition d’Albert Camus dans un accident de voiture, le 4 janvier 1960.
À partir de ce corpus impressionnant, Jean-Marie Galey et Teresa Ovidio extraient l’essence de ces échanges et adaptent pour la scène une histoire d’amour hors du commun. Jean-Marie Galey et Teresa Ovidio dessinent une carte du tendre, une géographie amoureuse d’une histoire jalonnée de routes sinueuses, de plaines apaisantes et de rivières au courant houleux.
6 juin 1944, les vers de Verlaine 'Les sanglots longs des violons de l'automne, blessent mon cœur d'une langueur monotone' sont prononcés à la BBC. C’est le débarquement. C’est le jour de la rencontre d’Albert Camus et de Maria Casarès.
Jean-Marie Galey et Teresa Ovidio illustrent la pièce d’archives sonores d’époques et créent un fil conducteur entre la Grande Histoire et l’histoire d’amour de ces amants passionnées. Judicieusement, ils dépassent la simple retranscription épistolaire pour nous faire vivre cette relation dans son contexte, le contexte historique, mais aussi le contexte artistique : leurs œuvres, leurs implications et leur influence qui marqueront à jamais leur siècle.
Thomas Gaudier insuffle le son vieilli et vivant des archives sonores qui humanisent la pièce. Les interviews et captations sonores, plus captivantes les unes que les autres, habillent la pièce comme autant de personnages qui éclairent l’histoire des deux amants.
La mise en scène d’Elisabeth Chailloux embrasse les amants qui se croisent, s’étreignent et se séparent. Les ombres et lumières de Franck Thevenon magnifient les élans de ce pas de deux.
Jean-Marie Galey et Teresa Ovidio occupent l’espace de la scène entre distance et proximité comme le mouvement de ces deux amants qui, inlassablement, se retrouvent et se quittent. Au-delà du mythe, c’est toute la sensibilité d’Albert Camus et de Maria Casarès qui se joue sur scène. On découvre leur fragilité mais aussi leur humour, leur jalousie, tout ce qui constitue l’essence d’un amour vrai, profond, entier.
Dans un réalisme émouvant, Jean-Marie Galey et Teresa Ovidio nous emmènent en amour, dans ce voyage où l’on croise Jean Vilar, Gérard Philippe, parfois même Serge Régiani dans les rêves de Maria Casarès. Le théâtre, la politique, tout une époque défile devant nos yeux, et dans notre imaginaire.
Jean-Marie Galey et Teresa Ovidio, bouleversants, nous entraînent dans cet absolu d’un amour exigeant et si lumineux.