Tartuffe ou L'Hypocrite de Molière

 

 

 

Célébrant le 400ème anniversaire de Molière, la Comédie Française présente une version du Tartuffe encore jamais montée.
Exit l'acte II et l'acte V.  
Tartuffe ou l'Hypocrite concentre l'essentiel du caractère pernicieux de cet homme calculateur dont l'ambition n'a aucune limite sinon celle d'arriver à ses fins.
Le feu si cher à Ivo Van Hove jaillit sur scène comme pour mieux exacerber les passions qui se jouent dans ces corps à corps fiévreux.
Orgon et Elmire tombent sous le charme envoutant de cet homme dont la transformation semble ne jamais s’arrêter.
 
Sale, miséreux, recueilli dans la rue, Tartuffe se lave de sa vie d'avant et s'enveloppe du doux vêtement de la vie bourgeoise.
De plus en plus beau, sous couvert de sa foi religieuse, il est de plus en plus puissant.
Sa transformation va de pair avec l'influence qu'il prend petit à petit jusqu'à en déshériter ses hôtes. 
Christophe Montenez incarne de sa voix suave et de sa présence quasi animale toute l'emprise que dégage Tartuffe. Entre hypocrisie et fausse dévotion, il se pare de ce subtil déguisement et jouant de sa séduction, et de sa force de persuasion, soumet Orgon et sa mère à sa loi.
 
Pour sa troisième collaboration avec la Comédie Française, Ivo Van Hove propose une adaptation brutale et sauvage du texte reconstitué grâce au travail de fourmi de George Forestier.
Les scènes ponctuées par un son strident marquent l'entrée sur scène des personnages qui tour à tour se livrent un combat ou les corps en disent plus long que les invectives auxquelles s'abandonnent les habitants de cette maison qui s'effondre. 
 
Elmire joue le jeu de la séduction pour mieux confondre l'hypocrite. Prise à son propre piège, elle profite de ce jeu de dupes pour éveiller en elle la passion endormie. Elmire, sulfureuse Marina Hands, se transforme au contact de Tartuffe.
Démasqué, Tartuffe n'en aura pas moins bousculé la maison.
Déchirée la famille semble se libérer du carcan conservateur dans lequel elle s'était perdue. Claude Mathieu, Madame Pernelle, matriarche implacable, sera brulée au bucher de ces vanités. 
 
Le décor, la musique et les lumières créent une atmosphère intime quand les lumières se font douces et sophistiquées, parfois froide quand les pas résonnent dans cette structure ouverte à la machinerie visible parfois brulante quand le feu embrase les passions et lève les scrupules.

Denis Podalydès, Loïc Corbery et Julien Frison incarnent les pendants des hommes de la maison. Chacun entier, emporté par le souffle insidieux qui s'engouffre depuis l'arrivée de Tartuffe, ils excellent à rendre vivant plus que jamais ce texte datant de 1664.
Dorine, magistrale Dominique Blanc, incarne un équilibre, une vision juste, la raison dans ces passions tourmentées.

Ivo Van Hove et les comédiens du français font renaître tout l'éclat du Tartuffe et exultent sur scène tous les non-dits et les sous-entendus d'un texte sulfureux censuré à sa création.
 
 
 
 
 
 
 
Tartuffe ou L'Hypocrite de Molière mise en scène par Ivo van Hove.
 
Avec : Claude Mathieu, Denis Podalydès, Loïc Corbery, Christophe Montenez, Dominique Blanc, Julien Frison , Marina Hands
Dramaturgie : Koen Tachelet
Scénographie et lumières : Jan Versweyveld
Costumes : An D'Huys
Musique originale : Alexandre Desplat
Collaboration musicale : Solrey Son : Pierre Routin
Vidéo : Renaud Rubiano
Réalisation maquillages : Claire Cohen
Assistanat à la mise en scène : Laurent Delvert
Assistanat à la scénographie : Jordan Vincent
Assistanat aux lumières : François Thouret 
 
Crédit photo : Jan Versveyweld

Vu le mardi 25 janvier 2022 à la Comédie Française.