Élisabeth Bouchaud, dans un triptyque présenté au Théâtre de la Reine Blanche, met à l'honneur les femmes scientifiques à l'origine de découvertes majeures et rend justice à leur travail trop longtemps invisibilisé. Flammes de Science met en lumière les figures de Lise Meitner, de Jocelyn Bell et de Rosalind Franklin, qui a des époques différentes ont su s'imposer malgré les obstacles.
Le deuxième épisode, Prix No'Bell, s'attache à la figure de l'astrophysicienne, Jocelyn Bell qui en 1967, alors boursière à l'université de Cambridge, découvre le premier pulsar. Le prix Nobel consacrant sa découverte sera attribué en 1974 à Antony Hewish, son directeur de thèse.
Loin de toutes revendications amères, la représentation fait la part belle aux personnages féminins. Clémentine Lebocey et Roxane Driay incarnent ainsi Jocelyn Bell et son amie Janet, étudiante en théologie, qui évoluent dans un monde résolument masculin. Elles partagent leurs doutes et leurs passions, s'encouragent, résolues à mener frontalement leur carrière scientifique et leur vie personnelle. La complicité des deux amies, portée par la fluidité de la mise en scène de Marie Steen, ouvre la voie à des questionnements aussi intimes que philosophiques. Avec une réelle présence au plateau, Clémentine Lebocey et Roxane Driay ancrent la pièce dans un naturel et un réalisme rafraichissant.
Face au personnage masculin, interprété par Benoit Di Marco, son maitre de thèse, Clémentine Lebocey incarne Jocelyn Bell aux différents âges de sa vie, et porte la voix d'un combat altruiste et généreux. Jamais vindicative toujours en ébullition, Jocelyn Bell dépasse les préjugés liés à son genre et mène sa carrière avec une implication passionnée, soucieuse non pas de terrasser ses ennemis mais de convaincre le milieu de la recherche scientifique à être plus inclusif.
La scénographie mobile de Luca Antonucci nous transporte dans l'effervescence de la vie de laboratoire, entourés de télescopes et d'un tableau noir sur lequel Jocelyne Bell explicite les notions d'astrophysique propre à son travail de thèse. Judicieux, le souci constant de vulgarisation permet de rendre accessible au spectateur novice que nous sommes tous les enjeux de ses recherches.
Le biopic, fort des personnages qui gravitent autour du caractère de Jocelyn Bell, dessine un portrait captivant de jeune femme déterminée. Subtilement la représentation décrypte et contextualise les mécanismes de réappropriation des travaux de la jeune chercheuse par ses pairs masculins.
Avec Flammes de Science et son opus Prix No'Bell, Élisabeth Bouchaud dénonce un système aux préjugés bien ancrés. En mettant en lumière ces femmes que l’histoire a oublié elle leur délivre un bel hommage lumineux et plein d'espoir.
Prix No'Bell d'Elisabeth Bouchaud au théâtre de la Reine Blanche jusqu'au 25 avril 2024
Deuxième opus de la série théâtrale LES FABULEUSES -Flammes de science. Les femmes scientifiques ont été invisibilisées malgré leurs découvertes majeures qui ont parfois changé la face du monde. Privées des récompenses et de la reconnaissance réservées à leurs collègues masculins, elles ont été écartées de l’histoire des sciences. Flammes de science souhaite leur rendre justice, en racontant leurs histoires..
Épisode 1 — EXIL INTÉRIEUR jusqu'au 28 avril 2024
Lise Meitner et la fission nucléaire
Épisode 2 — PRIX NO’BELL
Jocelyn Bell et la découverte des pulsars
Épisode 3 — L’AFFAIRE ROSALIND FRANKLIN du 7 mai Aau 9 juin 2024
Rosalind Franklin et la structure en double hélice de l’ADN
7 mars 2025 au Théâtre Jean Le Bleu - Manosque