Arcadie - Emmanuelle Bayamack-Tam / Sylvain Maurice

 


Sylvain Maurice adapte le texte d'Emmanuelle Bayamack-Tam en un seul en scène porté par la vitalité de la comédienne Constance Larrieu.

Le metteur en scène condense les 400 pages du texte d'Emmanuelle Bayamack-Tam et centre son récit sur le personnage de Farah, adolescente troublée par l’éveil de son corps et son éveil au monde. Évoluant dans le contexte décalé d'une société qui fait fi des normes, Farah a quinze ans, l'âge de tous les possibles, l'âge des découvertes, des questionnements aussi intimes qu'universels.

Après un long trajet dans la voiture familiale, Farah arrive avec ses parents dans la petite communauté de Liberty House. De la pénombre de leur arrivée nocturne, la famille s'éveille à la lumière de ce petit paradis préservé du stress, un lieu paisible, une zone blanche déconnectée du tout numérique où il fait bon vivre. Un vent de tolérance plane sur la petite communauté inclusive et bienveillante dirigée par le maître des lieux, Arcadie. Entre rêve d'utopie ou secte déjantée qui prône l'amour libre, Liberty House peu à peu se révèle moins idyllique qu'il n'y paraît.
Des éléments perturbateurs viennent dérégler à la fois le corps de la jeune fille, mais aussi l'équilibre de la communauté. Une révolution est en marche.

Sylvain Maurice met en scène le trouble adolescent en déployant toute la musicalité et l'expressivité de la langue poétique d'Emmanuelle Bayamack-Tam. La musique électro-pop au leitmotiv frais et entêtant de David Bichindaritz et les lumières de Rodolphe Martin figurent l'univers dans lequel évolue Farah. Un monde certes enclavé, étrange, mais qui reste ancré dans la contemporanéité des propos de notre époque.

Constance Larrieu s'empare du regard incisif et curieux de l'adolescente. La comédienne déploie une énergie tout en rythme et fait danser la langue adolescente, pleine d'humour et d'acuité.
Sous couvert d'un état de béatitude et d’hédonisme, Arcadie joue de la métaphore pour dessiner un miroir sociologique qui peu peu révèle ses failles. Rien ne peut empêcher le mouvement, la clairvoyance d'une génération en pleine métamorphose. Arcadie scrute avec pertinence les limites de la société, aussi utopique qu'elle soit. L'utopie des uns, impose toujours une limite à l'autre.
Sylvain Maurice et Constance Larrieu donnent corps au récit fictionnel aussi fantaisiste que décalé d'Emmanuelle Bayamack-Tam avec un regard acidulé judicieusement candide, subtilement cruel.

 

photo:  Christophe Raynaud de Lage


Arcadie d' Emmanuelle Bayamack-Tam  mise en scène de Sylvain Maurice au Théâtre de Belleville jusqu'au 30 novembre 2024

Texte d'Emmanuelle Bayamack-Tam
Adaptation et mise en scène Sylvain Maurice
Avec Constance Larrieu
Création lumière Rodolphe Martin
Création sonore David Bichindaritz assisté de Jérémie Tison
Costumes Olga Karpinsky
Collaboration à la scénographie et régie générale Alain Deroo assisté de Daniel Ferreira
 
Sophie Trommelen, vu le 8 septembre 2024 au Théâtre de Belleville.