La Vegetariana d’Han Kang mise en scène de Daria Deflorian

 


L'actrice et metteuse en scène italienne, Daria Deflorian, adapte le conte fantastique de l’autrice sud-coréenne Han Kang, lauréate du Prix Nobel de littérature 2024, la Vegetariana.
Daria Deflorian saisit toute l’ambivalence du texte de Han Kang contenu dans la passivité de son héroïne. Viscéralement incarnée par la comédienne Monica Piseddu, Yŏnghye se transforme sans que ses agissements n'apparaissent comme l’affirmation d'un acte politique, d'une velléité engagée. Yŏnghye s’épanouit naturellement en écoutant ce que ses rêves lui suggèrent, sans que jamais sa transformation ne puisse se définir comme une véritable libération de tout dictat social normatif ou comme l'aliénation d'une conscience incapable de maîtrise.
Daria Deflorian entretient ce flou qui, entre volonté et folie, nourrit l'incompréhension de son entourage. 
 
Fidèle au texte de Han Kang, Daria  Deflorian déploie la progression du roman en conservant sa structure en trois parties. Le mari, le beau-frère et sa sœur, en trois narrations distinctes, figurent l'impact de la transformation de Yŏnghye. Plaçant Yŏnghye au centre des trois points de vue distanciés de son entourage, Daria  Deflorian nous fait les spectateurs de la métamorphose de l'héroïne. De la fuite de son mari, la manipulation du beau-frère, au dévouement de sa sœur, Daria Deflorian déploie des comportements humains en proie au chamboulement d'un quotidien aliénant, jusqu'ici immuable. 
Si la scénographie monocorde qui situe les comédiens dans le huis clos terne et lugubre de l'appartement enferme le texte sans vraiment en déployer la poésie, Daria Deflorian en fait surgir les nuances en projetant d'un trait de pinceau les fantasmes de son beau-frère bousculé par l'éclosion de Yŏnghye. L’adaptation se fait alors l'écho d'une dimension plus imagée et transporte les caractères dans l'abime fantasmagorique du récit.
 
Daria Deflorian, entourée des comédiens Monica Piseddu, Paolo Musio et Gabriele Portoghese donne corps à la parabole onirique de Han Kang. De la mise en exergue de nos angoisses existentielles résurgences de violences aliénantes, quelles soient physiques, psychologiques ou sociales, Daria  Deflorian appuie le contraste entre le factuel d'une réalité tangible et l'onirisme fulgurant d'un désir qui prend corps et se rebelle. 

 


 Crédit photo: © Andrea Pizzalis

 La Vegetariana d’après le roman d’Han Kang prix Nobel de littérature 2024 mise en scène de Daria Deflorian en italien, surtitré en français dans le cadre du Festival d’Automne 2024 jusqu'au 16 novembre aux Ateliers Berthier - Odéon -Théâtre de l'Europe.

co-création et interprétation : Daria Deflorian, Paolo Musio, Monica Piseddu, Gabriele Portoghese adaptation du  texte :Daria Deflorian, Francesca Marciano 
espace : Daniele Spanò
lumière : Giulia Pastore
son : Emanuele Pontecorvo
costumes : Metella Raboni
collaboration artistique à la réalisation de la scénographie : Lisetta Buccellato
collaboration au projet : Attilio Scarpellini
conseils en dramaturgie : Éric Vautrin 
assistant à la mise en scène : Andrea Pizzalis
direction technique : Lorenzo Martinelli avec Micol Giovanelli
stagiaire à la mise en scène : Blu Silla
pour INDEX Valentina Bertolino, Elena de Pascale, Francesco Di Stefano, Silvia Parlani
une production INDEX,
coproduction : Emilia Romagna Teatro ERT – teatro nazionale, La Fabbrica dell’Attore – Teatro Vascello (Rome) avec le Romaeuropa Festival, TPE Teatro Piemonte Europa, Triennale de Milan, Odéon-Théâtre de l’Europe, Festival d’Automne à Paris, Théâtre Garonne – scène européenne à Toulouse
avec la collaboration de ATCL / Spazio Rossellini; Istituto Culturale Coreano in Italia
avec le soutien du MiC – ministero della cultura (Italie)
La Végétarienne d’Han Kang, traduit du coréen par Jeong Eun-Jin et Jacques Batilliot, Le Livre de Poche, 2016.
 
Sophie Trommelen, vu le 9 novembre 2024  aux Ateliers Berthier - Odéon -Théâtre de l'Europe.