Du procès de Jeanne d'Arc en 1431, Judith Chemla et Yves Beaunesne créent une représentation aux formes plurielles. Dépouillant la figure de l'héroïne de tout l'imaginaire qui s'est construit autour de sa figure, la représentation restitue la singularité et la force de caractère de Jeanne d'Arc.
Judith Chemla et Yves Beaunesne explicitent toute l'hypocrisie de ce procès en hérésie qui conduira Jeanne d'Arc au bûcher pour seuls motifs de ne pas obéir à l'église et de porter des habits masculins.
Jeanne d'Arc réfute ces accusations. Elle obéit à Dieu, et refuse de se soumettre au pape et à sa condition de femme.
La cheffe de guerre victorieuse, dévouée à son roi et à son Dieu, se retrouve prise en étau face à ses inquisiteurs qui l'accusent de non allégeance à l'église et de non conformité à son sexe. Ce vêtement d'homme, Jeanne d'Arc se défend de le porter pour mieux se protéger des humiliations inhérentes à sa condition de femme.
En adoptant la forme d’un oratorio, Yves Beaunesne se détache de la simple restitution historique pour magnifier la force de la parole d’une jeune femme qui, inébranlable, affirme sa liberté et sa foi.
La scène se déploie en trois dimensions : au centre, baignée de lumière, Judith Chemla est entourée de six musiciens qui l’accompagnent dans la pénombre, le tribunal surgit en images géantes projetées qui surplombent l’espace scénique depuis le mur du plateau.
La présence théâtrale de Judith Chemla s’entrelace à la puissance évocatrice de la musique et au réalisme implacable de la vidéo pour composer un véritable tableau vivant d’une rare intensité.
Le compositeur Camille Rocailleux enveloppe la représentation d'un écrin symphonique, une partition qui éclaire une parole passionnée qui s'élève face à la violence de l'obscurantisme.
La création musicale de Camille Rocailleux suit crescendo la tension du procès. Dans la pénombre, Mathieu Ben Hassen aux percussions, Emma Gergely au violoncelle, Robinson Julien-Laferrière aux trombones, Marie Salvat au violon et alto, Etienne Manchon au piano et synthétiseur et Hippolyte De Villèle au cor et bugle, s'accordent au chant lyrique et à la voix envoutante de Judith Chemla.
Tel le cœur de la tragédie, les musiciens suivent les mouvements d'une femme qui répond avec force et conviction à ses juges implacables.
De la figure dénaturée, trop souvent récupérée, le Procès de Jeanne éclaire la véritable Jeanne d'Arc, une femme libre qui a sacrifié sa vie, portée par son courage et ses convictions.
Un magnifique hommage qui réussit à mêler la restitution historique à l’intensité lyrique de l'oratorio. Il fallait bien ces trois dispositifs, le théâtre, la musique et la vidéo, pour figurer toute l'immensité d'un cœur pur et volontaire confronté à une inquisition despotique.
Le Procès de Jeanne de Judith Chemla et Yves Beaunesne au Théâtre des Bouffes du Nord jusqu'au 16 février 2025;
puis en tournée :
- les 17 et 18 janvier 2025 au Théâtre Saint Louis, Pau
- le 23 janvier 2025 au Théâtre de Nîmes
- du 29 janvier au 16 février 2025 au Théâtre des Bouffes du Nord, Paris
- le 4 mars 2025 à l’Espace Michel-Simon, Noisy-le-Grand
- le 8 mars 2025 à l’Opéra de Vichy
- les 11 et 12 mars 2025 au Grand R, scène nationale La Roche-sur-Yon
- les 19 et 20 mars 2025 au Théâtre de Caen
- le 25 mars 2025 au Centre d’Art et de Culture, Meudon
- le 27 mai au 2025 au Théâtre Impérial de Compiègn
D'après les minutes du procès de condamnation de Jeanne d'Arc -1431
Avec Judith Chemla Jeanne d’Arc dite La Pucelle
Et :
Mathieu Ben Hassen percussions, chant
Emma Gergely violoncelle, chant
Robinson Julien-Laferrière trombones, chant
Etienne Manchon piano et synthétiseurs, chant
Marie Salvat violon et alto, chant
Hippolyte De Villèle cor et bugle, chant
Et à l'écran :
Jacques Bonnaffé L’évêque de Beauvais, Monseigneur Pierre Cauchon, Président
Thierry Bosc Jean de la Fontaine, clerc du diocèse de Bayeux, conseiller examinateur
Jean-Claude Drouot Jean Beaupère, chanoine de Rouen, professeur de sacrée théologie
Patrick Descamps Guillaume Erard, Docteur en théologie réputé de l’Université de Paris
Jean-Christophe Quenon Nicolas Midi, insigne docteur en théologie
Léonard Berthet-Rivière Jacques de Touraine, franciscain
Michel Vanderlinden Jean Massieu, doyen de la chrétienté de Rouen, huissier du procès
Eric Pucheu Martin Ladvenu, frère mendiant
Antoine Laudet Nicolas Loyseleur, dominicain
Frédéric Cuif Guillaume Manchon, notaire greffier
Eliot Berger Un Clerc anglais
Conception Judith Chemla et Yves Beaunesne
Mise en scène Yves Beaunesne
Musique Camille Rocailleux
Livret Marion Bernède
Scénographie Damien Caille-Perret
Vidéo Pierre Nouvel
Lumières César Godefroy
Costumes Jean-Daniel Vuillermoz
Coiffures et maquillages Catherine Bénard
Assistanat à la mise en scène Juliette Séjourné
Régie générale et son Olivier Pot
Régie
lumières Karl-Ludwig Francisco, Pauline Buffet (en alternance)
Régie vidéo Isidore Colevret
Régie plateau Eric Capuano, Erika Lowagie (en alternance)
Coiffures et maquillages Catherine Bénard
Production Centre International de Créations Théâtrales / Théâtre des Bouffes du Nord
Coproduction Théâtres de la Ville de Luxembourg ; Opéra de Limoges ; Théâtre de Caen ; Théâtre National de Nice ; Opéra de Vichy ; Théâtre Saint-Louis - Pau ; Compagnie de La Chose Incertaine - Yves Beaunesne ; Théâtre Impérial - Opéra de Compiègne ; Centre d’art et de culture de Meudon ; Espace Michel-Simon de Noisy-le-Grand
Avec le soutien du Cercle de L’Athénée et des Bouffes du Nord et de sa Fondation abritée à l'Académie des beaux-arts
Avec le soutien du Centre national du cinéma et de l’image animée
Avec le soutien technique du Théâtre Public de Montreuil - Centre dramatique national
Avec le soutien du Centre national de la musique
Avec le soutien du Fonds de Création Lyrique
Action financée par la Région Ile-de-France.
Remerciements à Cécile Kretschmar
Décor réalisé par les ateliers de l’Opéra de Limoges
Sophie Trommelen, vu le 1 février 2025 au Théâtre Les Bouffes du Nord.