Commande du comédien Mouss Zouheyri à l’écrivain Éric Wiener, Un simple comédien figure l’introspection d’un homme en proie au réveil de sa conscience.
Rachid revient dans son pays natal pour enterrer sa mère auprès de son père. De ce voyage obligé au Maroc, qu’il a quitté à l’âge de huit ans, émergent les réminiscences du passé. Le comédien redécouvre les lieux familiers de son enfance. Embarqué dans sa petite barque, il reprend le large et revit ces matinées à pêcher la sardine aux côtés de son père, à l’aube. Dès le premier contact avec le sable humide, le bruissement des vagues, le vol des oiseaux, Rachid se laisse happer par la douce mélancolie des souvenirs.
Mais en pleine mer, une voix surgit. Passé l’effroi, un dialogue s’amorce avec cette présence d’outre-tombe, qui vient bousculer ses certitudes, ouvrir les failles du déni. Ce fantôme, qui porte en lui une histoire douloureuse, l’ancre brutalement dans la réalité contemporaine des migrations, toujours plus violentes, où des hommes, ballotés entre l'espoir et la fatalité, n’aspirent qu’à une vie meilleure.
Avec la finesse de son écriture, Éric Wiener déploie la métaphore de cet homme déboussolé qui perd le nord à la dérive dans sa barque au milieu de la méditerranée. Mouss Zouheyri s’empare de ce double fictionnel avec une incarnation profondément sensible et émouvante. Sans jamais se donner le beau rôle, il navigue dans les méandres d’une conscience troublée, réveillée par cette présence fantasmagorique, incarnée par la voix de Patrick Sabourin.
Un simple comédien a l’étoffe d’un conte moderne, où l’intime se confronte subtilement aux fractures du réel. Une traversée poignante, guidée par un regard lucide sur un monde en déséquilibre.
Un simple comédien au Théâtre de Nesle