Guillemette Regnault signe une mise en scène classique dans sa forme comme dans le choix des décors et costumes d’époque, un parti pris bienvenu qui jamais n’empêche le texte de déployer une modernité certaine. Délits d’initiés, chantage, corruption : les frontières entre vice et vertu vacillent subtilement.
Oscar Wilde s’amuse à malmener les stéréotypes de ces figures bien-pensantes de la haute société londonienne. Guillemette Regnault s’en empare avec finesse, jusque dans les costumes de Claire Bigot qui incarnent visuellement les oppositions : la vénéneuse Mrs Cheveley, blonde fatale en robe de velours pourpre, fait face à la glaciale Lady Chiltern, toute en satin bleu ciel.
Les comédiens – Matthieu le Goaster, Christophe Paris, Guillemette Regnault, Jean-Pierre Couturier, Margaux Wicart, Marie Van Oost – incarnent chacun les nuances de personnages dont la morale vacille à l’ombre des secrets.
En chef d'orchestre de la fantaisie comique, Matthieu le Goaster brille dans le rôle de Lord Goring. Avec une justesse remarquable, il campe ce double assumé de Wilde lui-même : dandy nonchalant, il infuse avec délice ses petites répliques pleine d'esprit et navigue avec clairvoyance entre les tensions de l’intrigue. Conscient de ses limites, honnête dans ses attentes imparfaites, c'est par lui que ce petit microcosme retrouve son équilibre. Oscar Wilde, avec une tendresse inattendue, offre une rédemption à ses personnages, sauvés par l’amour, l’amitié et une sincérité tardive mais bien réelle.
Un mari idéal d'Oscar Wilde jusqu'au 17 mai 2025 au Théâtre Clavel.